Belge, Bavay, Bavo ?

Le légendaire fondateur, et l'histoire apocryphe

Après le cordelier Jacques de Guyse, Jean Wauquelin dans ses Chroniques du Hainault, manuscrit du xve siècle raconte que Bavo, un cousin de Priam, fuyant la ville de Troie investie, gagna après maintes aventures une terre hospitalière où il fit bâtir une cité qu’il appela « Belges », l'actuelle Bavay. Selon Wauquelin, Sept routes, dédiées aux planètes Jupiter, Mars, Vénus, Saturne, Mercure, le Soleil et la Lune, partaient des sept temples de la cité. L’instauration d’une monarchie élective sonna le déclin de la « cité de Belges », et les Belges perdirent leur unité et ne purent résister aux invasions romaines. Cet épisode a été considéré comme une fable par la plupart des historiens depuis le xixe siècle, et plus encore celui des sanglantes luttes intestines qui opposèrent la reine des belges Ursa à l'ancien roi Ursus.
Pourtant, plus de 1000 ans après les débuts des conquêtes de Rome, Aubert Le Mire et certains chroniqueurs du Hainaut évoquent encore Bavay sous le nom de « Rome la Belgique », ou Roma Belgica qu'avant eux, dans une historiographie apocryphe agglomérant d'autres sources plus anciennes, le chroniqueur et historien du Hainaut Jacques de Guyse appelait plus simplement « Belgis » (« Belge »), nom dérivant selon lui de Belis (du Dieu Bel).
Divers auteurs et "antiquaires" (personnes étudiant l'antiquité) plus "modernes", dont Joseph Adolphe Aubenas, tout en reconnaissant un manque de preuves par l'archéologie, ont rappelé que d'autres textes, plus anciens et remontant au moins au Ier siècle de notre ère racontaient aussi que des Troyens étaient venus en Gaule et qu'ils y avaient fondé une grande ville. Ainsi, Aubenas, membre de la société royale des antiquaires de France, créée en 1804 pour avec pour but l’étude de la civilisation des Gaulois, de l’histoire et de l’archéologie françaises, estime en 1839 que Jacques de Guise n'a rien inventé, mais a seulement rapporté, ce que les anciens chroniqueurs avaient écrit bien avant lui. Aubenas cite en appui à la thèse rapportée par J de Guyse : Amien Marcellin et mieux Timagène selon qui« une partie de la population de la Gaule (selon les druides) était venue d'ïles lointaines et des régions transrhénanes, d'où elle avait été chassée soit par des guerres fréquentes soit par des débordemens maritimes ». Rucleri, Hunibaud ou d'autres chroniqueurs médiévaux n'ont pas inventé cette histoire dit J Aubenas, carTimagène disait la même chose il y a plus de 2000 ans, et après lui, l'origine troyenne des Francs était aussi affirmée en France, « dans l'Epitome de Frédegaire et ses fragments et la chronique de Hunibaud, et Fréculphe, qui dans la première moitié du IXe siècle s'exprime en termes formels ».