Vanes
Selon Régis Boyer : "... les Vanes sont à n'en pas douter, des divinités de l'amour, de la fécondité, de la paix, du bonheur, de la volupté, de la richesse. Les trois principaux sont Njördr, Freyr et la déesse Freyja. On a noté la présence ici d'une femme, et il faut ajouter que Njördr est bisexué, car il est presque certain qu'il n'est autre que la déesse Nerthus de la Germanie de Tacite.On dira aussi la grande intimité dans laquelle se trouvent les Vanes avec le chamanisme, le sejdr et la magie. Ce sont des dieux "amoraux" dont le culte, assuré souvent par des femmes (hofgydjur), est naturellement lié aux orgies, à la prostitution sacrée, aux extases et aux rites sacrificiels. Ils se trouvent plus proches des hommes que des Ases. Il n'est guère possible d'en affirmer d'avantage, les textes que nous possédons remontant, au plus tôt, à une époque où les uns et les autres étaient déjà "intégrés" aux mythes historiés.... Et d'un autre côté, la présence fréquente, parmi les inscriptions rupestres scandinaves remontant à la très haute antiquité, de scènes plus ou moins orgiaques, de sacrifices rituels ou de représentations dramatiques évoquant la mort de Baldr, le sacre du printemps, etc., nous inciterait à penser que les Vanes appartiendraient à une religion primitive, agricole, sensuelle, recouverte par le culte des Ases, plus récent, plus viril, plus guerrier et spirituel."
Les Vanes, ou Vanir, sont un des deux groupes de dieux de la mythologie nordique ; l'autre étant les Ases. Ils sont associés aux cultes de la fertilité, de la fécondité, de la sagesse et de la précognition. Ils sont associés au monde de Vanaheim. Ce groupe de dieux est aussi associé à la magie puisque c'est Freyja qui enseigna aux Ases le seiðr (« la magie »), aux géants, ainsi que l'art astral à Odin. La présence de noms de dieux Vanes dans la toponymie atteste leur popularité et leur ancienneté.
Ils se sont battus pendant un temps contre les Ases. Cette guerre s'est terminée par une trêve et l'échange de quelques divinités. Les Vanes envoyèrent Njörd, Freyr et Freyja, et les Ases leur envoyèrent le simplet Hoenir et Mimir. Les Vanes, fâchés de cet échange déséquilibré, décapitèrent Mimir et envoyèrent sa tête à Ásgard. Par la suite, les Vanes sont reconnus comme étant un sous-groupe des Ases.
Cette famille de dieux étant largement minoritaire par rapport aux Ases, peu de noms nous sont parvenus. Les quelques noms connus sont ceux qui ont eu une interaction forte avec les Ases (cette liste est tirée de l'article sur le Panthéon de la mythologie nordique :
- Freyja, déesse de la beauté et de l'amour, de l’érotisme, fille de Njord et d'une mère dont on ne connait pas le nom, mais dont on sait qu'elle est la sœur de Njord. Elle est la sœur de Freyr. Elle est chargée d'accueillir la moitié des guerriers tombés au combat dans sa halle personnelle, l'autre moitié allant chez Odin
- Freyr, dieu de la vie, de la fécondité et chef des Vanes. Fils de Njord et d'une mère dont on ne connait pas le nom, mais dont on sait qu'elle est la sœur de Njord, c'est le frère de Freyja. Son nom signifie « seigneur ». Il épousa Gerd et eut d'elle Yngvi
- Gerd, géante qu'on associera ici à la famille des Vanes en tant qu'épouse de Freyr et mère d'Yngvi. Ses parents sont deux géants des montagnes, Gymir son père et Aurboda sa mère.
- Gersimi, fille de Freyja et de Odr, sœur de Hnoss, son nom signifie « trésor »
- Hnoss, fille de Freyja et de Odr, sœur de Gersimi, son nom signifie « trésor » également
- Hrund, dieu de la vie après la mort et de la résurrection
- Lódur, fils de Bor et de Bestla, petit-fils de Buri et frère d'Odin et de Hönir. Il s'associa à ses frères afin de mettre un terme à la race des géants, participant au dépeçage d'Ymir dont le cadavre permit de constituer la Terre. Découvrant deux troncs d'arbres morts sur une grève, Lódur leur donna les sens, tandis qu'Odin octroya la vie et Hönir l'intelligence. De ces deux êtres, Ask le frêne et Embla l'orme descendit la race des humains installée à Midgard
- Nerthus, déesse-mère de la famille des Vanes associée à la fertilité des terres, ancienne épouse et sœur de Njord. Objet d'un culte fervent de la part des paysans, elle se promène dans un char tiré par deux génisses, bovins prometteurs d'abondance. Elle forme avec Njord un couple parèdre, c'est-à-dire formant deux faces d'un même ensemble comme c'est le cas de leurs enfants Freyja et Freyr
- Njörd, ancien dieu majeur, principal membre de la famille des Vanes. Dieu de l'abondance, du vent, de la mer. Après avoir été celui de Nerthus, il est l'époux de Skadi, la déesse de la montagne, et le père de Freyr et Freyja. Il préside comme toute sa parentelle à l'abondance des fruits de la nature, s'occupant plus particulièrement du milieu marin. Au terme de la guerre entre Ases et Vanes, il partit avec ses enfants vers Ásgard, mais les Ases réprouvant les mariages consanguins, ils lui demandèrent de se séparer de son épouse. Il se maria par la suite avec Skadi, sans que leur union ne fût heureuse, l'un préférant la mer et l'autre, les montagnes. Il forme avec Nerthus un couple parèdre, c'est-à-dire formant deux faces d'un même ensemble comme c'est le cas de leurs enfants Freyjaet Freyr
- Odr, dieu des blés, époux de Freyja et ennemi de Nep. Père du dieu Hrund et de Hnoss et Gersimi, de la famille des Asynes (ou Ases féminins)
- Skírnir, messager de Frey
- ↑ Snorri Sturluson,Ynglinga saga, .
- ↑ Régis Boyer, Héros et Dieux du Nord, Guide iconographique, Flammarion, Paris, 1997.
- ↑ Jan de Vries, « Altnordisches Etymologisches Wörterbuch » (2ème édition), Leiden, 1962, p. 644
- ↑ Jean Haudry, « Le Seigneur ami et le problème de la royauté discurique » Études Indo-européennes, Lyon, 1996, p. 42 et suiv.
- ↑ Grundy, Stephan (1998). "Freyja and Frigg" in Billington, Sandra, and Green, Miranda (1998). The Concept of the Goddess. Routledge
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Le Seiðr, qui signifie littéralement « bouillonnement, effervescence », désigne un ensemble de pratiques shamaniques propres aux religions nordiques. Le Seiðr est, dans la mythologie nordique, l'initiation chamanique que Freyja apprit aux Ases, dont seul Odin serait devenu un maître. Cette forme de chamanisme serait si épuisante qu’il est « honteux pour un homme de la pratiquer parfaitement ». Le Seiðr est mentionné dans la Gylfaginning. Le Seiðr implique la transe et vise à percer les desseins des Nornes afin de connaître le destin (Wyrd ou Örlog), ou pour changer le shaman en animal. Dans la légende, c’est Freyja qui enseigna cette magie aux Ases. Si on en croit la Lokasenna (texte où Loki calomnie les dieux jusqu’à l’intervention de Thor), la Seiðr était une activité magique plutôt réservée aux femmes, mais qu’Odin pratiquait assidûment. La transformation en animal consiste à échanger son Hamr (la substance qui donne sa forme au corps) avec celui d’un animal par la force de concentration.
Les Scandinaves ne donnaient pas de nom à leur culte avant l’arrivée du christianisme. Suite à l’arrivée des missionnaires chrétiens en Scandinavie tels qu’Anschaire de Brême vers 829 et le roi Harald Ier de Danemark qui réussit à imposer le christianisme dans son pays vers 960, les textes médiévaux de Scandinavie mentionnèrent le terme forn siðr pour désigner la religion originelle de ces peuples. L’expression signifie littéralement « ancienne coutume, ancienne pratique » en vieux norrois. Leur langue ne dispose pas de vocable pour « religion », le mot approchant serait « seydr, sejdr ou sidr » : coutume, ensemble de pratiques, magie, médecine... activités principalement féminines. Leurs croyances ne possèdent aucun crédo, pas de prières à proprement parler, « pas de prêtres, ni ordre religieux, ni temples, point de délire imaginatif ou de longues méditations rêveuses », sans foi, sans dogmes.
Gylfaginning
La Gylfaginning (« la mystification de Gylfi » en vieux norrois) est la première des trois parties de l’Edda de Snorri Sturluson. Elle prend la forme d’un dialogue entre le roi Gylfi et trois personnages régnant sur Ásgard. Leur entretien sert de cadre à une présentation cohérente de la mythologie nordique.
Le roi Gylfi régnait en Scandinavie. Il offrit un jour à une vagabonde qui l’avait distrait une partie de son royaume, aussi grande que ce que quatre bœufs pourraient labourer en un jour et une nuit. Mais cette vagabonde était une Ase, Gefjon. Les bêtes de trait qu'elle employa étaient en réalité les enfants qu’elle avait eus avec un géant. Elles labourèrent si bien le sol qu’une portion de territoire se détacha, formant l’île de Seeland. Surpris du pouvoir des Ases, Gylfi se demanda s’il ne provenait pas des dieux qu’ils révéraient. Aussi se mit-il en route pour Ásgard. Quand il arriva, il découvrit une halle gigantesque, la Valhöll. Il fut introduit auprès des maîtres des lieux : Haut, Également-Haut et Troisième. Gylfi les interrogea alors sur leurs dieux. Au terme de ce questionnement, Gylfi entendit un grand bruit. Lorsqu’il regarda autour de lui, la halle avait disparu : il avait été le jouet d’une illusion.
En réponse aux interrogations de Gylfi, ses hôtes racontent d’abord l’origine du monde, la naissance des premiers dieux et l’apparition de l’homme. Il est ensuite question du frêne Yggdrasil, ce qui permet d’évoquer notamment la source de Mimir et les Nornes. Vient ensuite une présentation successive des différents dieux, d’Odin à Loki, dont les trois enfants monstrueux (Fenrir, le serpent de Midgard et Hel) sont présentés. Les déesses et les Valkyries sont aussi évoquées. La Valhöll est ensuite décrite, puis les Einherjar. Sont également racontées l’origine du cheval Sleipnir et donc la construction d’Ásgard. Gylfi demande alors à ses interlocuteurs si Thor a jamais rencontré plus fort que lui. Ceux-ci, réticents, sont toutefois contraints de raconter son voyage chez Útgardaloki. Il est ensuite question de la revanche de Thor sur le serpent de Midgard lors de son voyage chez Hymir. Ce sont ensuite la mort de Baldr et le châtiment de Loki qui sont racontés. Survient alors le récit du Ragnarökr, et enfin l’évocation de la naissance d’un monde nouveau.
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