Flandre, mon pays
Aucun dictionnaire, aucune institution, aucun académicien ne pourra mieux parler de la Flandre qu'un Flamand "convaincu". Même si celui-ci fût amputé de sa langue originelle à racine germanique. Néanmoins, faisons parler les dictionnaires et retranscrivons leurs définitions, si imparfaites soient-elles.
Flandre(s) et Flamand dériveraient de flâm, une forme ingaevone (anglo-frison) flâm de l'ancien germanique flauma qui signifie "endroit inondé". Cette étymologie semble être la seule possible linguistiquement et correspond parfaitement à la géographie. La côte flamande était en effet submergée par la Mer du Nord deux fois par jour entre le IIIe et VIIIe siècle. Le mot désignerait à l'origine les marais côtiers et ceux de l'estuaire de l'Escaut. Un habitant de ces terres inondées est donc un Flamand (Flaming), l'adjectif pour flamand étant Flamis. En ajoutant à la râcine flâm le suffixe -andra, on obtient le pluriel datif Flaumandrum (forme attestée au IIe siècle av. J.-C.). Une autre étymologie est avancée pour le suffixe -andra qui signifirait terres (suffixe ancien germanique -andrum).
Une autre hypothèse contestée est celle de l'historien Pirenne : les Flandres seraient le « pays des réfugiés » (du verbe « vlieden », fuir en langue frisonne), de ceux qui purent se maintenir sur des éminences naturelles ou artificielles.
Les Flamands font leur entrée dans l'histoire grâce à l'hagiographie de Saint-Éloi (vers 590-660), la Vita sancti Eligii, rédigée avant 684 par saint Ouen, mais connue seulement depuis un travail de réécriture vers 725. C'est là qu'apparaissent les « Flanderenses » qui habitent « in Flandris ». En latin, l'évolution a mené aux formes normalisées Flandrenses et Flandria.
À la fin du Moyen Âge, le f évolue en v. C'est d'ailleurs à cette époque que le néerlandais se détache du bas-allemand, ce qui a donné Vlaming, Vlaams et Vlaanderen.
L'usage en français est indifférencié entre Flandres et Flandre. En France, c'est le pluriel qui est préféré que l'on parle de Comté des Flandres ou de Lille, qui est, par métonymie, en France, la Capitale des Flandres. Par contre on parle de Flandre au singulier lorsque l'on se réfère à la Province de Flandre ou aux provinces de Flandre wallonne et de Flandre maritime. En Belgique, le pluriel est plutôt réservé à l'usage historique. Le singulier Flandre est plutôt réservé à la Région flamande. La différence d'utilisation des termes entraînent des incompréhensions entre belges (surtout néerlandophones) et français ; les premiers considérant que la Région flamande, c'est la Flandre et donc aussi les Flandres et ne saurait que parler néerlandais ("flamand"), tandis que les seconds restent fiers de leur appartenance aux Flandres, à la Flandre même s'ils parlent français. On a donc deux perceptions différentes des Flamands : en Belgique, ce sont les belges néerlandophones, sans pouvoir différencier les vrais Flamands de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale des "Flamands", les Belges néerlandophones, ni la langue néerlandaise de Belgique Belgisch-Nederlands des dialectes flamands : flamand occidental et flamand oriental. La synecdoque de Flandre du Comté de Flandre à la Région flamande et de Flamand et flamand entraîne la confusion. En France, Les Flamands sont ceux qui habitent les Flandres ou la Flandre, la langue important peu ; le territoire compris dans un premier temps étant l'ancienne Province de Flandre française (un Lillois et un Dunkerquois sont donc flamands), dans un deuxième temps l'ancien Comté de Flandre, dont les provinces belges de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, la frontière étant considérée comme un « trait de plume ». Par contre, s'il est clair que l'on se situe dans un contexte politique ou administratif purement belge, le terme Flandre sera compris comme synonyme de Région flamande.
Le même phénomène se rencontre pour Irlande/Irlande du Nord, Province de Luxembourg/Grand-Duché de Luxembourg, Macédoine, Bavière comprenant les régions de Franconie, Haut-Palatinat et Souabe/Bavière historique de Haute- et Basse-Bavière, etc.
Si le nom est à l'origine au pluriel, l'usage en a fait un neutre singulier : het Vlaanderen, mais l'article n'est pas utilisé couramment avec les noms de pays en néerlandais. On dit donc Vlaanderen. La distinction subtile et mouvante entre la Flandre et les Flandres n'existe donc pas en néerlandais. Pour distinguer la Flandre historique (Vlaanderen) de la Région Flandre (Vlaanderen), on doit spécifier : Graafschap Vlaanderen (Comté de Flandre), Vlaams Gewest (Région flamande), ou préciser les provinces :Oost-Vlaanderen (Flandre-Orientale) ou West-Vlaanderen (Flandre-Occidentale). Sans spécification, nl:Vlaanderen (Flandre) se comprend actuellement en Belgique comme étant la Région flamande (Vlaams Gewest). Les Belges néerlandophones (les "Flamands") s'exprimant en français utilisent dans leur immense majorité le singulier Flandre. Le problème de distinction se pose dans les mêmes termes qu'en français pour Vlaams, West- et Oost-Vlaams, West- et Oost-Vlaanderen. Idem au niveau des dialectes flamands.
Voici un lien dans lequel trouver de bons ouvrages afin de retrouver une partie de l'âme flamande. Cependant indiquez nous des livres qui, selon vous, pourraient parfaire notre liste : http://le-temple-de-freyja.e-monsite.com/album-photos/livres-conseilles/flandre/
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Jeanne de Flandre et de Constantinople
Fondée vers 1228 au nord de Lille par la comtesse Jeanne de Flandre qui y fut inhumée, l'abbaye de Marquette était l'une des plus puissantes maisons féminines de l'ordre de Cîteaux. Construit en quelques décennies à l'âge d'or de l'architecture gothique, réédifié dans le style français au 18e s., le monastère fut détruit à la Révolution et son enclos de 18 hectares en bord de Deûle occupé par l'industrie lourde dès 1860. Aux antipodes des réalités cisterciennes ordinaires, son site actuel est ainsi l'un des plus étonnants qui soient. En 1963, une usine de production de toluène di-isocyanate fut installée à proximité immédiate des lieux réguliers enfouis. Sa fermeture prochaine a conduit la municipalité de Marquette-lez-Lille à s'interroger si ce sol meurtri recelait encore des vestiges archéologiques susceptibles d'être protégés en vue d'une mise en valeur, avec détermination d'un périmètre de sauvegarde. Cet ouvrage livre le fruit de l'étude préalable menée à sa demande. Une première partie publie la documentation glanée sur le bâti disparu. Après présentation des fonds interrogés, les sources écrites ont permis de reconstituer un cartulaire de 50 actes (1236-1793) et une dizaine de mémoriaux inédits ont livré de riches informations entre fin 13e et fin 18e. Les sources orales consistent en une centaine de témoignages antérieurs ou postérieurs à la Révolution sur les tombes, l'état des lieux et le terrain. Un catalogue offre une sélection de 50 illustrations des 17e-20e s., tirées de plans anciens, des cadastres, de photothèques d'entreprises, de collections privées et des fonds de l'I.G.N. La deuxième démarche est une analyse systématique commentée des bâtiments, à travers quatre espaces concentriques : à l'extérieur de l'enclos puis, à l'intérieur, lieux de travail, de vie et de prière. Dans un troisième temps, une synthèse fait le point des connaissances, plans recomposés à l'appui, sur le monastère médiéval, ses transformations à la Renaissance, sa reconstruction classique et le bâti industriel qui lui succéda. La superposition de ces quatre époques débouche sur un bilan archéologique global avec propositions de sondages. Une zone de protection a été délimitée : sur environ 2 hectares s'y trouvent encore des substructions des 2 tiers du coeur du monastère. La ville de Marquette l'a déjà mise en réserve sur son plan d'occupation des sols. L'apport de cet ouvrage à l'historiographie cistercienne est double. Sa méthodologie originale fournit d'utiles pistes de recherches pour d'autres sites et rend possible une large redécouverte inespérée d'une des abbaye les plus belles et les plus méconnues de France (http://www.librairie-archeologique.com/index.html?produit=27890)
le-mausolee-de-la-comtesse.pdf (3.11 Mo)
histoire-de-jeanne-de-constantinople-com.pdf (4.32 Mo)
jeannedeconstantinople.pdf.pdf (10.73 Mo)
marquette-abbaye-cistercienne-de-flandre.pdf (1.77 Mo)
beguines-de-lille.pdf (4.41 Mo)
biblio-chauvin.pdf (615.09 Ko)
Visite virtuelle de l'Abbaye de Marquette... :
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Château de Robersart à Wambrechies
"Ne cherchez pas son nom dans le Dictionnaire des Belges, ni même dans la savante Biographie de Belgique. Il ne figure dans aucune des histoires de notre dix-neuvième siècle littéraire, ni parmi les figures de proue de la littérature féminine. Étrange et injuste destin que celui de cette femme remarquable à beaucoup d’égards : par son désir passionné d’indépendance, son goût des voyages insolites et ses incontestables dons littéraires..."
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juliette-de-robersart.pdf (88.61 Ko)
Serait-ce Juliette ?
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Né le 20 janvier 1654 à Dunkerque où il est mort le 3 mai 1707, est un poète et dramaturge de langue néerlandaise (;-) Flamand).
Les événements historiques qui se déroulent aux Pays-Bas au XVIIe siècle ont un impact important sur la vie de Michel de Swaen, né en 1654 de Pieter de Swaen et de Catharina Sint Légier.
En 1654 et 1655 paraissent deux des plus grandes œuvres de l’âge d'or néerlandais, Lucifer de Joost van den Vondel et Alle de wercken de Jacob Cats. Le XVIIe siècle constitue l’un des tournants majeurs de l’histoire des Pays-Bas. La forte immigration de protestants fuyant les Pays-Bas espagnols (plus ou moins la Flandre actuelle), soumis au catholicisme et à l'intransigeance de Philippe II d'Espagne, sonne le déclin de l’ancienne métropole néerlandophone d’Anvers au profit de la Randstad Holland (Amsterdam-La Haye-Rotterdam-Utrecht).
En 1662, la ville néerlandophone de Dunkerque est annexée au royaume de France par Louis XIV. L'influence française met un certain temps à marquer définitivement la région et la majorité des habitants aurait continué à parler le flamand occidental jusqu’à la fin du XIXe siècle. Toutes les œuvres de Michiel de Swaen sont donc écrites en néerlandais. C’est d’ailleurs principalement pour cette raison qu’il est aujourd’hui encore répertorié dans de nombreuses encyclopédies néerlandaises comme dramaturge et écrivain sud-néerlandais. À juste titre, on le considère comme le cadeau d'adieu de la Flandre française à la littérature néerlandaise.
Michel de Swaen a visité les Provinces-Unies, plus précisément Rotterdam, où son fils s'était exilé. Il y a apprécié la liberté dans cette partie des Pays-Bas, tandis que la région dont il est originaire est souvent l'objet de guerres, ce qu'il exprime notamment dans son poème Aan de Heer van Heel (Au Maître des cieux).
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Mémorial de Nicolaas Zannekin à Lampernisse
Nicolaas Zannekin ou Nicolas Zanekin, ou en encore Zannequin, (Lampernisse, entre Furnes et Dixmude, à la fin du XIIIe siècle - Cassel, 23 août 1328). Marchand, tribun et aventurier flamand, chef de la révolte des Karls contre Philippe VI, le roi de France et comte de Flandre (1325-1328).
Inscrit sur les registres de la bourgeoisie de Bruges, il se rendit populaire par ses talents d'orateur mis au service de la défense des libertés urbaines. Menant avec Zegher Janssone une bande qui prit pour cible les biens des patriciens, il s'empara de Furnes, où il fut accueilli en libérateur, puis de Dunkerque (1325). À la tête dès lors d'une véritable révolte, il se comporta comme un seigneur sur les terres soulevées contre le comte Louis de Nevers. Courtrai rejoignit Bruges dans la révolte et le comte, qui avait voulu effrayer la population en mettant le feu à la ville y fut capturé et emprisonné à Bruges (1325-1326). Les révoltés prirent ensuite Ypres et furent rejoints par les tisserands gantois chassés de leur ville.
Zanekin ne put s'emparer d'Audenarde ni de Gand et fut battu une première fois à Assenède, d'où il put s'enfuir. Il continua à mener l'agitation jusqu'à fédérer des troupes face à l'ost royal réuni à l'appel du comte. Mais ses troupes de firent battre à la bataille de Cassel et lui-même y trouva la mort, le 23 août 1328.
Cet homme d'origine simple ne manquait pas d'esprit. Peu avant cette bataille de Cassel, il se moqua de la manière dont Phlippe VI avait accédé au trône de France, notamment en peignant sur les étendards un coq avec l'inscription : Quand ce coq icy chantera, le Roy trouvé cy entrera.
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Till l'Espiègle est un personnage de fiction, saltimbanque malicieux et farceur de la littérature populaire du Nord de l'Allemagne. Son nom a la forme Till Eulenspiegel en allemand, Dyl Ulenspegel en bas-allemand, Tijl Uilenspiegel en néerlandais, sans compter des variantes orthographiques : Thyl, Thijl...
Ce nom est à l'origine de l'adjectif espiègle : il fut emprunté en français dès le XVIe siècle sous la forme Till Ulespiegle, puis altéré par aphérèse, l'initiale du nom étant prise pour l'article défini.
La version la plus ancienne de son histoire fut publiée anonymement en 1510/1511 sous le titre Ein kurtzweilig Lesen von Dyl Ulenspiegel, geboren uß dem Land zu Brunßwick, wie er sein leben volbracht hat... (Un ouvrage amusant sur Till l'Espiègle, né dans le pays de Brunswick, comment il a mené sa vie). La composition en fut attribuée à Hermann Bote, mais ce point est aujourd'hui très contesté.
D'après cette version, Till Eulenspiegel naquit en 1300 à Kneitlingen am Elm (Saxe) et mourut en 1350 à Mölln (Holstein). Il n'existe toutefois pas de preuve exacte de l'existence historique de ce personnage. Ses farces consistent souvent à prendre une expression figurée au pied de la lettre, afin de moquer les travers de ses contemporains et les abus de son temps. L'histoire d'origine, emblématique de la Basse-Saxe, fut traduite en plusieurs langues dès le XVIe siècle. Plus tard, de nouvelles versions la modifièrent en rendant le bouffon toujours plus sympathique.
Le nom allemand d’Eulenspiegel évoque la chouette et le miroir, objets fétiches du personnage. Par ces symboles il s'inscrit dans une tradition critique fréquente au Moyen Âge, à travers le personnage du fou ou du bouffon détenteurs de sagesse. La chouette est l'animal associé à Athena dans la mythologie grecque. Le thème du miroir renvoie à l'inversion, ainsi qu'à celui du portrait des contemporains. Ainsi, à travers ses aventures ou ses propos, le bouffon révèle une vérité sociale, mais renverse aussi, littérairement, l'ordre établi par la moquerie des puissants.
L’étymologie est cependant beaucoup plus triviale : le nom vient du moyen bas-allemand ulen « essuyer » et spegel « miroir, derrière », et l'expression ul'n spegel veut dire « je t'emm... ».
Le personnage de Till l'Espiègle a inspiré divers auteurs comme :
- l'écrivain belge Charles De Coster dans La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays des Flandres, où il fait de Till une figure de la résistance flamande contre l'occupation espagnole au XVIe siècle (1867)
- le compositeur allemand Richard Strauss en 1894-1895 dans son poème symphonique Till Eulenspiegels lustige Streiche (1894-1895)
- le réalisateur hollandais Joris Ivens dans le film Les Aventures de Till l'Espiègle, co-réalisé avec Gérard Philippe qui interprète le rôle titre (1956).
Des auteurs comme Carl Gustav Jung dans la création de son concept d'enfant intérieur et Paul Radin dans son étude du trickster furent interpellés par la figure d'Eulenspiegel ou celle du renard dans Le Roman de Renart, entre autres figures, de ce qu'ils nommaient le « fripon divin » un être espiègle, malicieux et facétieux
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